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jeudi 16 septembre 2021

Wilfrid Lucas

 


Wilfrid Lucas, la foi    

   Printemps 1974. Georges Pompidou vient de mourir et une campagne présidentielle va débuter. Cette année 1974 confirme mon engagement dans le monde de la poésie. Je viens de publier un premier recueil. J’écris régulièrement des chroniques et des poèmes dans la revue Présence des Lettres et des Arts. Je participe en mars, à Paris, au congrès du Cercle des Poètes et Artistes français dont je suis devenu membre. Le manifeste de celui-ci m’a plu. C’est un texte basé sur l’humanisme, le respect des hommes de tous les pays, le respect de la nature et des animaux. Manifeste d’un groupement culturel qui a une réelle dimension politique. 

   Ce congrès littéraire est l’occasion de rencontrer des femmes, des hommes, dont je lis régulièrement les textes, et de discuter avec eux. Les conversations montrent que ceux qui constituent ce groupe ont des opinions très variées, sur la poésie d’abord (il y a les partisans de la poésie classique et ceux qui sont résolument modernes), sur la société aussi. Je constate que les propos du révolutionnaire, de l’anarchiste et du « modéré » se mêlent dans la bonne humeur. Arrive l’heure du banquet. Celui-ci est présidé par Wilfrid Lucas, poète normand qui vient d’avoir 92 ans. Ce grand poète a été couronné en 1950 par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre faite de poèmes de forme classique inspirés par la foi catholique. 

   Georges Chapier a dit de lui que c’est “ un homme du Moyen-Âge attardé dans le XXe siècle.”   Quelques jours avant cette réunion, j’ai lu dans Présence le dernier poème qu’il vient d’écrire. Il s’intitule Dernière gerbe et les vers sont des alexandrins au milieu desquels il a intercalé des quatrains dont les vers ont six pieds. 

   Ce qui m’a frappé en lisant ce poème, c’est l’optimisme qui s’en dégage. Bien sûr, il fait allusion à sa vieillesse qu’il qualifie de faste, mais on ne sent aucune tristesse dans ce texte. Au contraire, l’auteur parle d’espoir:  « Me voilà qui revis au baiser d’espérance » et  « de la chaleur d’aimer ». 

   Je regarde, admiratif, ce vieillard au beau sourire qui parle de poésie avec enthousiasme malgré les épreuves (il a perdu l’ouïe pendant la première guerre mondiale). Il s’enflamme et nous dit son amour de la vie. Il donne assurément l’apparence d’un homme heureux. 

   Deux ans plus tard, j’apprenais son décès.    

  Wilfrid Lucas n’était pas seulement un poète. J’ai aussi apprécié ses qualités humaines. Il était respectueux des autres,  c’était un homme ouvert, porteur d’un enthousiasme communicatif. 

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