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jeudi 1 avril 2021

Les vents contraires (n°5)

 


  On peut reprocher à bon nombre de poètes modernes de préférer l'hermétisme au plaisir de la  communication.

 J'aime ce moment de la vie de Neruda :

Un jour, sortant de la mine et lui tendant les bras, un ouvrier lui dit " Il y a longtemps que je te connais, mon frère".

Neruda mettait sa poésie au service des autres. Ce souci de communiquer a bien sûr ses exigences. Le poète ne saurait se satisfaire de la facilité.

Alors, quelle poésie pour notre temps ?

Elle doit être  débarrassée de sa gangue comme celle de Guillevic, où chaque mot pèse, où rien n'est inutile.

C'est une poésie qui va chercher la poésie partout où elle est.

Comme l'écrit Francis Ponge, elle doit faire appel "au dictionnaire, à l'encyclopédie, à l'imagination, au télescope, au microscope, aux deux bouts de la lorgnette, aux verres du presbyte, et du myope, au calembour, à la rime, à la contemplation, à l'oubli, au silence, au sommeil..."

C'est une poésie qui fait progresser le langage, une poésie visionnaire qui cherche à inventer le futur.

La poésie doit se manifester librement, sans limites, hors des systèmes, loin des chemins officiels.

Son triomphe sera celui de l'Homme.

Enfants qui jouez insouciants dans un parc, voilà ce que je voudrais dire aux hommes de demain :

- En cette fin de siècle, il y avait des poètes qui pensaient souvent à l'ombre d'Hiroshima et cette angoisse pesait sur eux.

Vous êtes là qui vous étonnez au spectacle d'une goutte de rosée sur l'herbe du matin. L'eau de l'étang est d'un bleu pur et le nénuphar refleurira bientôt.

À la mort ces visionnaires avaient préféré l'Utopie. Et ils ont eu raison.

Mai 1978

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