DE LA CHANSON AU POÈME
1. La chanson
En 1965, l'idée me vient de faire une chanson sur le porte-plume dont j'imagine la disparition dans quelques années. La lune représente la modernité.
En voici un extrait :
1
Un porte-plume
dans l'encrier
aimait la lune
qui s'en moquait.
Il lui disait
des mots d'amour,
elle riait
jusqu'au p'tit jour.
2
Il lui répétait
qu'il l'aimait
elle ne l'é-
coutait jamais.
Ingrate dame
votre froideur
blessa un cœur
causa le drame...
*
Un jour, je me suis dit que cette idée méritait un poème.
Du texte, je supprimais la lune qui ne me semblait pas nécessaire. Je décidais d'écrire un poème court, avec des vers de 4 pieds. L'idée retenue : le progrès.
2. Le poème :
Plein d'amertume
un porte-plume
philosophait
sur le progrès…
Un jour on vit
couler de lui
deux larmes noires
de désespoir
Sur le papier
il a pleuré
puis s’est jeté
dans l’encrier.
***
Ce poème fut publié en 1974 dans mon premier recueil Un jour comme les autres, et en 1976 dans Présence des Lettres et des Arts, la revue du CIPAF
et il fut remarqué par le Cercle français de Poésie qui venait de décider de créer un musée de poésie contemporaine à Carpentras.
Cent poètes seraient présentés . Ils seraient choisis "parmi les meilleurs textes parus dernièrement dans les revues littéraires".
Parmi les auteurs de Présence dont j'étais membre, nous n'étions que deux à être retenus.
Quand un poète écrit , il se demande toujours si ses vers ont une certaine qualité. Le choix du Cercle français de Poésie était pour moi une bonne nouvelle.
P.S: J'appris que Le Porte-plume " avait été choisi en raison de son originalité".
*