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jeudi 29 avril 2021

L'astronome (fable)

 

                                  COSMOS photo de Jack Moreh - freerangestock.com


Ceux qui n'ont pour passion que le travail

ne sauront jamais ce qu'est la vraie vie.

Méditez, jeunes gens, cette pensée

que beaucoup  d' hommes apprennent  

trop tard  à leurs dépens.

                   *

Il était à quarante ans

un astronome renommé.

Assurément son métier était passionnant.

 - Je n'ai pas le temps d'aimer,   

disait-il souvent.


Il ne pensait qu'au cosmos.

La fuite  des galaxies occupait sa vie.

À la plus belle des brunes

il préférait la lune.

 

Depuis longtemps sa voisine,   

fille jolie au doux nom de Céline,

l'aimait à la folie.

Lui, restait insensible

au charme de la demoiselle.


À l'heure où les amoureux

s'aiment tendrement

l'astronome levait les yeux

vers le firmament

pour observer le ciel.

Et les années passaient...


Quand il eut soixante ans,  

la solitude devenant pesante,

il se mit  à chercher l'âme sœur

et un soir de printemps une veuve élégante

croisa son chemin.

Sa maladresse, hélas ! ne plut pas à la dame.

- Retournez à vos planètes !

lui dit-elle implacable.


Et c'est pourquoi depuis, toutes les nuits,

il  scrute  les cieux, 

la Lune, Platon et Saturne,

une larme dans les yeux.

Il est taciturne.

Avril 2021













 Platon et Saturne.


Une larme dans les yeux,

il est taciturne.




jeudi 8 avril 2021

L'appel de la Nature

 



«  Bien sûr lorsque j’avais votre âge,

je rêvais d’aventures.

J'imaginais  souvent  d’incroyables  voyages 

sur des mers en furie, sur des fleuves sauvages

et quand elles passaient sous les nuages noirs,

j’enviais  les oies cendrées

qui aux premiers frimas

partaient vers des pays plus doux

et rentraient  au printemps

user au nid leurs vieilles plumes.


Et un jour  il y eut cet instant  

où j'entendis l’appel de la forêt.


Et chaque jour j'ai parcouru

les sentiers gadouilleux,

respiré les senteurs secrètes des halliers,

écouté la vie grouillante des  mares.

Tout ce que j’ai appris,

 je le sais grâce aux arbres. »

 Ainsi parlait le sage. 

 mars 2021


jeudi 1 avril 2021

Les vents contraires (n°5)

 


  On peut reprocher à bon nombre de poètes modernes de préférer l'hermétisme au plaisir de la  communication.

 J'aime ce moment de la vie de Neruda :

Un jour, sortant de la mine et lui tendant les bras, un ouvrier lui dit " Il y a longtemps que je te connais, mon frère".

Neruda mettait sa poésie au service des autres. Ce souci de communiquer a bien sûr ses exigences. Le poète ne saurait se satisfaire de la facilité.

Alors, quelle poésie pour notre temps ?

Elle doit être  débarrassée de sa gangue comme celle de Guillevic, où chaque mot pèse, où rien n'est inutile.

C'est une poésie qui va chercher la poésie partout où elle est.

Comme l'écrit Francis Ponge, elle doit faire appel "au dictionnaire, à l'encyclopédie, à l'imagination, au télescope, au microscope, aux deux bouts de la lorgnette, aux verres du presbyte, et du myope, au calembour, à la rime, à la contemplation, à l'oubli, au silence, au sommeil..."

C'est une poésie qui fait progresser le langage, une poésie visionnaire qui cherche à inventer le futur.

La poésie doit se manifester librement, sans limites, hors des systèmes, loin des chemins officiels.

Son triomphe sera celui de l'Homme.

Enfants qui jouez insouciants dans un parc, voilà ce que je voudrais dire aux hommes de demain :

- En cette fin de siècle, il y avait des poètes qui pensaient souvent à l'ombre d'Hiroshima et cette angoisse pesait sur eux.

Vous êtes là qui vous étonnez au spectacle d'une goutte de rosée sur l'herbe du matin. L'eau de l'étang est d'un bleu pur et le nénuphar refleurira bientôt.

À la mort ces visionnaires avaient préféré l'Utopie. Et ils ont eu raison.

Mai 1978

le puits