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jeudi 25 mars 2021

Les vents contraires - n°4

 


Dans le cadre du mois de poésie initié par  par la DRAC du Nord-Pas-de-Calais en 1978, le texte Les vents contraires a été  a été présenté  à Boulogne-sur-mer sous forme de diaporama, avec en fond sonore la Messe pour le temps présent de Pierre Henry. 

Créer, un besoin vital venu de loin.

Comment ne pas voir avec émotion ces premiers balbutiements de l'art, animaux sur les parois des grottes, premières représentations de la femme, premières manifestation du génie de l'homme ?

La boule d'argile qui devient cratère, la souche de vigne qui devient visage, le marbre, la pierre qui prennent vie sous les doigts de l'artiste,

les mots assemblés avec la patience de l'artisan,

Oui, créer, c'est bien tendre vers l'absolu, c'est engager son existence.

Pierre Seghers avait raison quand il écrivait :" Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l'homme autant que les battements du cœur."

Essentielle à l'homme comme le pain et l'eau.

Entrer dans l'univers du poète, c'est rencontrer une autre idée de l'homme.

L'homme moderne, poussé à la réussite sociale, joue un personnage avec plus ou moins de réussite. C'est un homme mutilé.

La puissance du rêve et l'imagination créatrice, l'authenticité, sont brisées dès l'enfance.

L'homme complet, tel que nous l'enseignent les civilisations hindoues et africaines, inclut dans sa vie la danse, la musique, la poésie. Il vit en osmose avec la nature. Vision cosmique de l'Homme intégré à la nature.

Débarrassé du carcan des habitudes, le poète, comme le sage du Gange, va vers la  nature, vers des pays sans nom et sans frontières, dans une symphonie d'eau, de vent de lumière.

Sa patrie c'est le vent, la pluie, le lac et la rivière.

C'est la nuit aux ombres  familières et le silence à l'heure des méditations.

Tel est le miracle de la poésie et de l'art qui transfigurent les choses  et donnent à la vie une autre dimension.

à suivre


jeudi 18 mars 2021

Les vents contraires - n°3


 Dans le cadre du mois de poésie initié par la DRAC du Nord-Pas-de-Calais en 1978, le texte Les vents contraires a été  présenté  à Boulogne-sur-mer sous forme de diaporama, avec en fond sonore la Messe pour le temps présent de Pierre Henry.

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Le monde du poète

  Tandis que des ombres sinistres se profilent au loin et que des assoiffés d'argent souillent les mers, pillent les champs, massacrent nos forêts,
Poète, tu vas à la recherche de l'authenticité, à la découverte de la vraie vie.

  Artistes, poètes, la société vous rejette, faut-il s'en étonner ?
  Un jour de juillet, un homme  mourait d'un coup de revolver dans la poitrine. 
C'était l'époque où Meissonnier, médiocre peintre apprécié de son vivant, vendait très cher ses toiles. Lui avait vécu dans la misère. Il s'appelait Van Gogh.

Un jour, il avait recopié pour son frère Théo cette pensée de Renan :
"L'homme est ici-bas pour réaliser de grandes choses pour la  société, pour arriver à la noblesse et dépasser la vulgarité où se traîne l'existence de presque tous les individus".
Chercher à donner un sens à sa vie, refuser la vulgarité,
n'est-ce pas ce qui pousse l'homme à créer ?

                                      *
Le monde du poète, un autre monde en vérité.
Une route traverse la forêt, c'est le temps des vacances. Loin des embouteillages, des stations balnéaires, enfonçons-nous dans la forêt et regardons ces choses banales  qui, au poète, paraissent toujours neuves.
Pour lui, la nature est plus qu'une source de joie. En décrivant la fleur, le fruit, l'arbre, la grenouille, le poète se sent muni d'un pouvoir intense, celui de recréer les choses.
La pomme de pin qu'il tient dans sa main révèle son existence.

Nécessité de la création.
Pour le poète, se battre avec les mots et noircir la page blanche. 
C'est le triomphe de la liberté sur l'obscurité. 
La victoire de l'homme sur lui-même.

à suivre

jeudi 11 mars 2021

Les vents contraires - n°2

 








Dans le cadre du mois de poésie initié par  par la DRAC du Nord-Pas-de-Calais en 1978, le texte Les vents contraires a été  a été présenté  à Boulogne-sur-mer sous forme de diaporama, avec en fond sonore la Messe pour le temps présent de Pierre Henry. 

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(La ville est un grand temple vide)

À défaut d'exister, on possède.

On se laisse guider, on abdique, on se laisse séduire.

Et les jours passent.

Alors pour oublier, on part et l'on va où les autres sont déjà et une fois encore on rejoint la foule qui n'a rien à vous dire,

qui passe à côté de vous dans la frénésies des klaxons, dans le bruit des machines.

Et la lumière des néons, les affiches publicitaires, les lampes des cafés sont là pourtant  qui vous rappellent qu'ici des hommes vivent.

Certains d'entre eux vivent couchés dans l'abondance.

Et les décibels de leurs grosses voitures  couvrent les cris de ceux qui, mutilés, torturés dans les prisons de la honte ne savent pas si demain ils verront le soleil,

les cris de ceux qui n'ont rien, pas même la force d'être. Et ils traînent leurs corps décharnés à la recherche de la goutte d'eau, du grain de riz  qui maintiendront en eux et pour combien de temps une faible étincelle de vie.

                                   *

Poète, tu regardes ce monde qui ne tourne plus rond.

Tu viens avec pour seule force ton amour du Beau et du Vrai.

Tu viens avec tes pauvres mots.

Et tu dis aux hommes : " Vous avez engendré la folie et la folie vous menace."

à suivre

jeudi 4 mars 2021

Les vents contraires n°1



 Dans le cadre du mois de poésie initié par la DRAC du Nord-Pas-de-Calais en 1978, le texte Les vents contraires a été  présenté  à Boulogne-sur-mer sous forme de diaporama, avec en fond sonore la Messe pour le temps présent de Pierre Henry. 


                                                            1

Être poète en cette fin de siècle, pour quoi faire?

Sublime ou dérisoire, la poésie ?

La poésie, un aimable divertissement, l'alignement de mots aux sonorités plus ou moins belles ? Un jeu de l'esprit ?

Ou la poésie essentielle à l'homme ?

La poésie étrangère à tant d'individus. Un mode d'expression condamné à rester limité à quelques amateurs ?

La poésie pour beaucoup souvenir de l'école où elle n'était trop souvent qu'exercice de mémoire.

La poésie qu'on fuit, qu'on ignore et le poète dont on se gausse, gentil farfelu enfourchant un nuage.

Et pourtant ils sont là, les poètes qui poursuivent leur route 

et qui vont les mains nues et qui poussent leur cri.

Cri d'amour. 

Cri d'alarme car le monde va mal.

Poète, qui entendra ta voix dans cette foule qui va vers son destin 

et qui ne pense qu'à survivre dans un îlot de solitude 

ou à fuir car elle a peur de  la vérité ?

 La ville qui fourmille de richesses est un grand temple vide

et les tours de béton où s'entassent les anonymes  secrètent l'ennui.

Alors dans la froideur des meubles de formica, 

on tue le temps à coups d'artifices,

on se réfugie où l'on peut,

on se grise de vitesse, de paradis dangereux.

à suivre




                                   

le puits