Rechercher sur ce blogue

jeudi 29 octobre 2020

Le clown (chanson)

 

                                          Photo Magdabed -pixabay  


Le clown


Dans le bruit des tambours, des clairons, des trompettes,

le clown est apparu.

Le nez rouge, un chapeau mal posé sur la tête

le clown est apparu.


Et ainsi chaque  soir, dans son manteau trop grand,

le clown fait son entrée et fait rêver les gens.
 
                                     *

Hélicon sous le bras, dans un rond de lumière,

il tombe sur la piste,

se relève aussitôt et cligne des paupières.

On applaudit l'artiste.


Et ainsi chaque soir il fait son numéro.

Le public enchanté exulte, crie bravo.

                                *

La musique s'est tue, loin du cirque la foule

ingrate oublie le clown.

Verra-t-elle jamais cette larme qui coule

sous le masque du clown ?


Et ainsi chaque soir, le spectacle fini

il se retrouve seul. Le clown n'a pas d'amis.
  
                                    *
 
Mais demain dans le bruit des tambours, des trompettes,

le clown apparaîtra,

le nez rouge, un chapeau mal posé sur la tête

et le public rira (bis)

1973

mercredi 21 octobre 2020

Espérance

 


   Le bonheur existe-t-il encore dans un monde qui vacille, un monde qui a peur ?

Des gens désorientés traînent leurs angoisses, leurs cauchemars.

Dans la froideur des immeubles maussades, ils tuent le temps à coups d'artifices, 

se grisent de vitesse, de paradis dangereux. 

Et les jours passent... 

Pour oublier, ils partent et vont là où les autres sont déjà. 

Et une fois encore ils rejoignent la foule qui n'a rien à leur dire, 

qui passe à côté d'eux dans la frénésie des klaxons, 

et les décibels des grosses voitures et des motos  blessent leurs oreilles. 

Ce sont des résignés.

                                                        *

Ici des hommes possèdent pour exister. 

Ils vivent dans l'abondance.

Ils respirent, se goinfrent,

mais ils sont morts déjà.

Ailleurs, d'autres cherchent la goutte d'eau, 

le grain qui maintiendra en eux une étincelle de vie.

                                                      *

Je sais que l'ombre d'Hiroshima pèse sur nos têtes. 

Je sais que la liberté est difficile à apprendre et j'en connais les risques. 

J'ai vu de jeunes chiens tenus trop longtemps en laisse mourir, dès qu'ils étaient lâchés, sous la roue d'un camion.

Je sais la misère, la haine, l'intolérance. 

Pourtant j'entends parfois,  là-bas au bout du chemin, monter un chant d'espérance.

Alors m'apparaît une certaine idée du bonheur.

Et sous le soleil d'été

la vague qui vient se briser

sur le roc de granit 

raconte la beauté du monde.


Images vues -1975




  

mercredi 14 octobre 2020

Génération 1920 (les garçons)

 


(Avec lenteur, ces années-là,

le pays sortait de la guerre)

                   *
Leur enfance avait été heureuse.

Sur le chemin des écoliers,
 
le cartable en bandoulière,

ils marchaient allègrement.
 
Le soir, ils lisaient les romans 

de Jack London et de Kipling

et  rêvaient d'aventures 

dans le Grand Nord ou dans la jungle.


                   *                  

  Et puis,  avec ses doutes

et ses révoltes,

vint le temps de l'adolescence.

Les folles espérances

de l'été trente-six avaient changé leur vie.

À bicyclette, à pied, 

ils découvraient la liberté

et les premières amours  

naissaient  sur une plage 

ou à l'ombre d'un chêne.


Bientôt,  commencerait le cauchemar.

                           * 

   Ils allaient fêter leurs vingt ans

  lorsque  la guerre est revenue.

  La guerre ! ils la détestaient tous

  mais il fallait la faire !

 Ils pensaient :  

" Pourquoi ces bombes, ces fusils ?

Les soldats d'en face, eux aussi,

n'ont-ils pas envie de vivre ? "

Certains ne sont pas revenus.

Ils s'appelaient  André, Rémi, Jacques,  Nathan.        

Ceux qui par chance étaient rentrés

avaient perdu leurs illusions.

Ils taisaient leur douleur

et pleuraient les amis disparus.

 Octobre 2020

  

mercredi 7 octobre 2020

Fleuves 1

 

                                                            la Loire

Connaître le fleuve

   Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai découvert la Garonne sur une grande carte que l’instituteur avait fixée au tableau. 
   La Garonne devenait  sur nos cahiers, une ligne bleue qui serpentait tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite. C’était une sorte de squelette de poisson biscornu, avec ses arêtes irrégulières. On apprenait tout cela par cœur.
   Nous savions  situer dans l’espace des noms de villes et de rivières, mais il faut bien le dire, nous ne savions rien de la Garonne.  

                                                  *

On ne connaît pas les fleuves en lisant les livres de géographie.

Pour comprendre le fleuve, il faut le suivre de la source à la mer, il faut appréhender les liens qui se sont noués entre lui et les hommes, il faut saisir sa dimension culturelle et poétique.   

Seuls les voyages nous permettent de bien connaître les fleuves.

    La Loire

   D'abord, ce n’était qu’un maigre filet d’eau, puis le ruisseau a grossi,  est devenu fleuve fougueux, il a traversé des gorges verdoyantes.  

Je l’ai vu s’assagir et devenir  fleuve épanoui et majestueux avec ses îlots ombragés et ses bancs de sable.  C’est là, au cœur du Val de Loire, que j’apprécie le mieux ses charmes. 

L'osmose entre la nature si apaisante en cet endroit et le génie humain qui a construit ponts, abbayes, églises et châteaux élégants, y est parfaite.

Au bord du fleuve

Le fleuve est calme et lent 

comme les vieux qui le regardent 

aller vers la ville

qu’ils ne connaîtront pas.

La douceur de l’air tend son piège.

Nul ici n’entendra 

la complainte des miséreux

et le cri douloureux de la Nature. 

(Écrit au bord de la Loire) 

le puits