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jeudi 28 mai 2020

La rose (Conte bref)

                                                             
                                              Photo Josh 13 -pixabay.com


  C'était une classe étrange. Il y avait des élèves de tous âges : quelques-uns avaient une dizaine d'années, d'autres étaient beaucoup plus vieux. Parmi eux il y avait le président - directeur général d'une grande firme, un botaniste érudit, deux militaires et trois gendarmes. Le maître était un jeune homme sympathique. Il tenait à la main une rose.
- Regardez bien cette rose, dit le maître. Que pouvez-vous me dire au sujet de cette fleur ?
Les gendarmes se turent. Ils pensaient à autre chose. Les militaires firent de même : dans les manuels de l'armée il n'est jamais question de roses.
- Je connais bien cette rose, dit le botaniste. Son nom est "rosa centafolia "qu'il ne faut pas confondre avec...
Le maître l'interrompit :
- Cela ferait l'objet d'une belle conférence, dit-il. Je vous remercie.
Le PDG hasarda une réponse :
- J'ai offert trois roses hier à mon épouse. Cela m'a coûté trois florins, c'est-à-dire le salaire que je donne à un ouvrier pour une heure de travail.
Le maître paraissait découragé.
- Ces gens ont tout à apprendre, pensa-t-il. Ils ne savent même pas ce qu'est une rose ! Sauront-ils jamais écouter le chant du rossignol, admirer le coucher du soleil sur la mer, apprécier la patience d'une fourmi ?
  J'ai bien peur qu'il ne soit déjà trop tard. Hier  j'ai vu des centaines d'oiseaux morts sur une plage.

1974 (Un jour comme les autres)


jeudi 21 mai 2020

Le bûcheron et le hasard (fable)



Un bûcheron sauvage
revenait de voyage 
dans sa vieille voiture.
Il vivait retiré au cœur de la forêt
avec quatre grands chiens.
Il n'aimait pas les hommes 
et n'allait à la ville
qu'une ou deux fois par an 
pour voir ses vieux parents.

Il pleuvait ce jour-là.
Quel temps de chien ! pensa notre homme.
Au même instant - coïncidence -
un chien sur le bord du trottoir,
un chien de chasse je crois  bien,
vit sur le trottoir d'en face
une chienne divine.

La tragédie, on la devine.
Le chien traverse comme un fou,
le bûcheron pour l'éviter
freine à mort, si j'ose dire.
La voiture sur un sapin vient finir
sa course effrénée.
- Bien sûr, toute ma vie, j'ai abattu des arbres.
Ils étaient  pourtant ma seule raison de vivre,
dit l'homme dans un dernier soupir.

Ceux qui pensent pouvoir maîtriser leur destin
oublient la force du  hasard

1974

le puits