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mardi 22 janvier 2019

Le cheval ( deux poèmes)





L'ENCLOS


Parfois, quand leur mémoire caduque
ne connaît plus le goût des escapades,
quand dans le regard de l'enfant qui passe
ils ne voient plus la lumière
des grands espaces,

subrepticement, des chevaux fatigués
accrochent aux barbelés de l'enclos
un brin de rêve.

Mai 2010

CES CHEVAUX QU'ON ABAT

Aux barbelés barbares de l'oubli, 
il a suspendu son galop,
 arraché sa crinière,
retenu un sanglot.
Le vieux cheval attend la nuit
et dans les yeux de l'enfant qui passe, 
il ne voit plus la lumière
des grands espaces.
Il devine son sort
et le sang qui s'écoule
dans la pâleur de l'aube.

Mai 2012

mercredi 16 janvier 2019

Autoportrait IV - Vers l'utopie




    Que sera l'homme de demain ?
Cette question que je me pose souvent, je la pense essentielle.
« Quel avenir se joue en tes entrailles, Femme Ventre adoré de la Terrible Humanité », a écrit le poète André Pourtier *.
« Que pèse une vie d'homme ? Et si les mots Fraternité, Dignité, Amour, ce n'était que cela» ajoutait-il.
Mêmes interrogations, même idéal. Le combat qu'il mène est aussi le mien. Il faut dire aux autres cette vérité incontournable. La crier avec une guitare, un poème ou un roman...Qu'importe le mode d'expression.

    Il est des humains heureux.
Il en est aussi qu'on torture et qu'on assassine.
Il en est qui sont tristes, et la tristesse des autres me peine.
Tristesse de la mère de famille qu'on devine encore jeune malgré la flétrissure du visage.
Tristesse du vieillard assis sur un banc. Seul.
Tristesse de l'ouvrier qui va au travail résigné, de l'homme assoupi que rien ne viendra réveiller, de l'humain écrasé par le poids des tabous, de l'intolérance, des vexations.
Il faut sauver l'Homme, lui rendre son âme d'enfant, lui donner des raisons d'espérer.
Utopie ?
    L'utopie ne serait-elle pas plutôt de croire que si l'on n'y fait rien, le monde va continuer d'aller ainsi d'une manière chaotique pendant des siècles ?

Extrait de : Un jour comme les autres - Mars 1974

* André Pourtier est le fondateur du CIPAF (Cercle International de la Pensée et des Arts Français) dont j'ai été membre. En 1998, il a reçu un prix de l'Académie française pour son recueil Ainsi parmi les hommes.










jeudi 10 janvier 2019

Autoportrait II et III


LES AUTRES

Je parle pour ceux qui n'osent parler, pour ceux dont on a étouffé la voix.
Je chante pour ceux qui marchent dans le soir,
sans but et sans espoir,
Pour toi, l'enfant du Sahel dont la pauvre main tendue n'attend qu'un peu de riz,

Pour toi qui as tant donné et que l'on abandonne
aux longues nuits d'hiver sans feu et sans personne,
Pour toi qui étais si belle et que le lourd travail a défigurée,
Pour toi, le soldat du désert à qui l'on a appris la haine,
toi qui rêvais de paix et de bonheur tranquille.
J'écris pour vous, oubliés de partout
Et je voudrais que votre regard fier
rencontrât celui de l'homme nanti
qui traîne de palace en palace
sa morosité. 


STYLES

    J'aime dans l'écriture – et dans la vie – la simplicité et la sobriété.
Aller à l'essentiel en peu de mots est une nécessité de notre temps.
Rien ne m'irrite plus que ces gens qui se croient pleins d'importance et qui parlent avec emphase, avec grandiloquence, qui s'écoutent parler plutôt que d'écouter les autres.
Je préfère le bon sens du paysan, sa connaissance de la vie, au soliloque stérile du pédant.

   Écrire c'est communiquer. Ce que je reproche à bon nombre d'auteurs modernes qui disent souffrir de leur solitude, c'est de s'enfermer volontairement dans cet état en choisissant la voie de l'hermétisme (qui n'est pas toujours celle du génie).
C'est pourquoi je préfère un poème de Prévert, un billet d'Escarpit, une chanson de Brassens, une page du Petit Prince à certaines œuvres à la mode.
Alain avait raison. Il faut offrir « toute la poésie à tous autant qu'on pourra ».

Deux extraits du recueil Un jour comme les autres – Mars 1974







jeudi 3 janvier 2019

Autoportrait I



VERS LA SOURCE

    
Des images confuses resurgies de l'enfance, des images récentes que le temps n'a pas encore déformées me viennent à l'esprit.
Qu'on ne s'y trompe pas. Je ne me tourne pas vers elles par nostalgie, par goût exclusif des souvenirs.
Il faut vivre l'instant présent.
Je vais vers elles plutôt, comme on va vers la source.
Pour y trouver un art de vivre.
                                                *
VOYAGES

    Je connais le charme des promenades la nuit sur la montagne ou au bord de la mer.
Je n'oublierai jamais Ténérife et la montée vers le sommet du Teide, ni ma rencontre avec les chutes du Niagara. Mais la turbulence des villes ne me déplaît pas. J'ai goûté la liberté dans les rues d'Amsterdam, l'ambiance un peu folle de Broadway au début de la nuit. J'ai marché longuement dans la Rome antique, je me suis reposé devant la fontaine de Trévi, sous un soleil accablant et mes amis m'ont raconté leur marche sur l'Himalaya, la douceur de leur village africain et aussi la misère de Delhi. 
Mais c'est l'air respiré au bord de la mer ou dans les chemins forestiers qui me convient le mieux.
Depuis que j'ai vu Birkenau et Auschwitz, je me dis qu'il n'est pas possible de se taire, qu'il faut témoigner, parfois crier pour se faire entendre, ne pas se résigner afin d'inverser le cours des choses.
René-Guy Cadou disait que  "le poète n'est pas à part des autres. Seulement la parole lui a été donnée".
Je fais miens ces mots du poète.
Témoin des jours heureux, témoin impuissant d'une époque troublée, j'écris, pour celles et ceux qui veulent m'entendre, la vie de tous les jours.
J'écris  pour dire mes craintes et mes espérances.



le puits