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mercredi 25 août 2021

Voyages

 


Je connais des marins

qui vont de port en port

chercher Eldorado.

Fragiles voyageurs

ils s'arrêtent un jour 

sans avoir rien trouvé.

               *

Je connais des marins

que l'âge a ramenés

près des femmes dociles

vaincus et déjà morts.

Prisonniers dans leur île

avec leurs souvenirs

ils regardent la mer

et c'est la déchirure

               *

Appuyé sur le roc

je suis devant la mer.

C'est un matin d'été

peut-être un soir de brume.

La mer est devant moi

et m'emporte ô mystère

dans un rêve insondable.

                *

Je devine la source

et je vais vers le fleuve

puis reviens à la mer.

Comme un bon artisan

je tisse le poème.

              *

La mer est ma complice

et livre ses secrets

la texture du sable

le poli du galet

et l'algue et le plancton

et le roc et l'écume.

                 *

Le plus beau des voyages

je le sais aujourd'hui

il est au fond de moi

quand je comprends la mer.

                  *

Poème publié dans Présence des Lettres & des Arts

(décembre 1976 - Anthologie)


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