Je connais des marins
qui vont de port en port
chercher Eldorado.
Fragiles voyageurs
ils s'arrêtent un jour
sans avoir rien trouvé.
*
Je connais des marins
que l'âge a ramenés
près des femmes dociles
vaincus et déjà morts.
Prisonniers dans leur île
avec leurs souvenirs
ils regardent la mer
et c'est la déchirure
*
Appuyé sur le roc
je suis devant la mer.
C'est un matin d'été
peut-être un soir de brume.
La mer est devant moi
et m'emporte ô mystère
dans un rêve insondable.
*
Je devine la source
et je vais vers le fleuve
puis reviens à la mer.
Comme un bon artisan
je tisse le poème.
*
La mer est ma complice
et livre ses secrets
la texture du sable
le poli du galet
et l'algue et le plancton
et le roc et l'écume.
*
Le plus beau des voyages
je le sais aujourd'hui
il est au fond de moi
quand je comprends la mer.
*
Poème publié dans Présence des Lettres & des Arts
(décembre 1976 - Anthologie)
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