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mercredi 28 août 2019

SCHEVENINGEN



Scheveningen (Scheveningue en français) est un quartier de La Haye au bord de la Mer du Nord. Photo Hetisokay - Pixabay.com

Le vent du nord hantait la plaine.
À Scheveningue un soir d'hiver
nous avancions sur la jetée
la gorge brûlée de genièvre
et nos lèvres sentaient le sel.
Le vent du nord hantait la plaine
et nous avons longtemps marché
sur une route étroite
entre l'eau et la mer, 
devant ces horizons ouverts à l’infini.
Et nous nous sentions libres.
(Un an plus tard on apprenait que Jacques Brel était mort. C'était  le 9 octobre 1978)


Scheveningue 1983





Nous avancions sur la digue déserte
un soir d’automne à Scheveningue.
Le vent du nord lançait sa plainte,
Brel dormait loin d’ici aux Marquises.
Nous l'entendions chanter
ce pays sans frontière
où la mer est d'opale
entre Zuydcoote et Bruges
entre Ostende et Zandvoort
Et il nous racontait
les canaux nonchalants qui traversent la plaine,
la pâleur des matins,
la rudesse du vent
qui rend plus forts les hommes
et l'odeur d'iode et d'algues
qui calme les chagrins.
La ville s’endormait
et le vent inlassable
gémissait sur la digue.

Textes mis à jour le 26 août 2019


mercredi 21 août 2019

Chant de l'île

Photo Rhdizajn - Pixabay


Sur l’île
tranquille,
figée,
qu'un vent
léger
courtise,
les gens,
l'église,
le parc,
les barques
trop vieilles
sommeillent.

*
Et puis
la nuit
enlève
sa robe
de rêve
et l'aube
allume
ses pre-
miers feux.
La brume
s'efface
et l'île
fébrile
embrasse
le jour.

*
Alors
le bourg,
le port,
la gare,
les bars
intimes
s'animent.

(C'est l'heure où les marins arrivent
traits tirés et voix lasse.
Des mouettes voraces
obstinément les suivent)  

 2011

jeudi 15 août 2019

Confessions d'un poète (prose)


Photo Helmut Stirnweis - Pixabay



Confessions d’un poète

Le vieux poète qui avait beaucoup lu Henry David Thoreau et Jack London   parlait à ses petits-enfants :

— Bien sûr, lorsque j’avais votre âge, je rêvais d’aventures et j’ai  souvent imaginé d’incroyables voyages sur des mers en furie, sur des fleuves fougueux.

Et quand aux premières brumes, je voyais les bernaches côtoyer les nuages, j’aurais aimé comme elles aller  vers des pays lointains et revenir un jour user au nid mes vieilles plumes.

Et il y eut plus tard cet instant surréel où j’entendis l’appel de la forêt. Alors j’ai commencé à marcher vers des terres sauvages que peu d’hommes avaient foulées. 
J’ai bravé les grands vents, les pluies et le froid boréal. Tous les sentiers boueux, je les ai parcourus et lentement j’ai pris racine au milieu des vieux arbres qui m’ont appris à vivre.

Septembre 2010

jeudi 8 août 2019

Quand minuit sonnerait

Photo : Alfred Grupstra - Pixabay


Quand minuit sonnerait

Quand minuit sonnerait
tu fermerais les rideaux
et notre chambre serait 
comme un œuf un monde clos 
un refuge inaccessible
puis tu irais au piano
et tu jouerais une fugue de Bach…

(À vingt ans nous étions 
des rêveurs indolents
et puis le temps
nous a appris 
à écouter le monde)

Minuit sonne.
Les volets sont baissés, le piano s’est tu
et ce  long cri plaintif
qui monte jusqu’à nous 

Décembre 2010

le puits