Les Bourgeons de mai
Les poèmes que je présente aujourd'hui me rappellent une belle aventure : le Mois de la Poésie à Boulogne-sur-mer au mois de mai 1978.
Voici trois courts poèmes que j'ai publiés dans le recueil les Bourgeons
de mai :
COSTA BRAVA
Sur les plages
de la Costa Brava
des jeunes de vingt ans
étendus mollement
Ceux qu'on assassina
avaient vingt ans aussi
et sur le cimetière
le soleil de juillet
paraît insoutenable.
1976
Bords du fleuve
Le fleuve est calme
comme les vieux qui le regardent
aller lentement vers la ville
qu'ils ne connaissent pas.
La douceur de l'air
tend son piège
Nul ici n'entendra ta plainte
Janvier 1978
Le cheval
Aux barbelés de l'enclos
des chevaux fatigués
accrochent un brin de rêve.
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Un mois de poésie dans une ville. C'était possible en 1978.
Depuis 1976, j'animais le Groupe Poétique Boulonnais, lié à l'OMCB, l'organe culturel de la ville.
En 1978, nous avons profité du mois de la Poésie pour donner la parole à des poètes qui pour la plupart n'avaient jamais publié. C'est ainsi que le recueil Les Bourgeons de Mai a vu le jour.
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Dans une société dite d'abondance, dans un monde où la rentabilité étouffe l'homme, le poète apparaît bien fragile avec la seule force des mots et de l'imagination.
Il n'est pas facile d'aller à la rencontre des autres lorsque dès l'enfance ont été brisés le désir de dépassement de soi, le pouvoir créateur, la faculté de s'étonner...
Mais il faut sans relâche agir pour que la poésie prenne sa place dans la vie culturelle. Il faut donner, à ceux qui créent, les moyens de s'exprimer, d'être entendus. »
( Les Bourgeons de Mai – 1978 )
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Il y a longtemps que j'ai écrit ces lignes ; pourtant aujourd'hui encore je tiendrais le même discours.
Pourquoi revenir vers ce Mois de Poésie organisé à Boulogne-sur-mer, en 1978 sous l'égide de la DRAC (Direction régionale de l'action culturelle) du Nord-Pas-de-Calais ?
Parce qu'il est intéressant de voir où en est la poésie 45 ans plus tard et d'observer ce qui a changé.
En 1978, nous avions fait un pari fou : offrir plusieurs fois par semaine, pendant un mois, des rencontres consacrées à la poésie et le public avait répondu présent. Cela serait-il encore possible aujourd'hui ?
J'en doute fortement.