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mercredi 25 novembre 2020

La demoiselle

 

                                      Photo Eric Karits - pixabay


    Dès qu'on prononce son nom, le préjugé est favorable. 

Il évoque la jeunesse, la féminité (de manière trompeuse car le mot convient aussi aux mâles). 

Le profane l'appelle  libellule, le pédant dit qu'elle fait partie des zygoptères. Laissons ce langage aux scientifiques. Demoiselle est un terme bien plus seyant.

                                                     *

   Au bord d'une mare ou d'un étang, elle vole avec légèreté, sans faire le moindre bruit. 

De loin, on remarque d'abord  la finesse des ailes et l'éclat de ses couleurs où se mêlent le bleu, le vert et le rouge...

Puis  on est frappé par l'importance de la tête et des yeux, exagérément gros. 

Le reste du corps est gracile ; il dégage une impression de fragilité, tant les pattes et les ailes sont fines.

                                                     *

   Signe particulier : la demoiselle aime se nourrir et s'accoupler en vol. La terre ferme est trop banale à son goût. 


mercredi 18 novembre 2020

Dialogue amoureux

 


                                                      

Elle : Je t'aime !

Lui : J'entends bien ! D'un côté le jeu,

       de l'autre, le thème.

Elle : L'amour est-il un jeu ? Un thème de débat ?

Lui : Ne serait-ce plutôt une question d'ébats ?


Ensemble : Entrons dans le jeu !


Elle : Jeu d'ombre et de lumière

Lui : Jeu d'esprit, jeu de mains

Elle : Tes mains qui se posent sur moi

         créent l'émoi.

Lui : Elles jouent sur les lignes du dos

Elle : Do mi sol, accord parfait

Lui : À corps perdu s’aimer 


Ensemble : Être deux, être  cent                  

          êtres de chair et de sang 

          et puis mille et millions                 

          à crier à la face du monde

          - Aimez-vous !

Octobre 2020

mercredi 11 novembre 2020

Papillon de nuit

 



PAPILLON DE NUIT



                                             

 Sur la fenêtre de ma chambre qu'un rayon de soleil traverse,  

un papillon de nuit vient se cogner, malhabile. 

Pauvre papillon égaré que la lumière blesse !

Ses gestes sont désordonnés. L'éclat du soleil le gêne.

Il heurte ses ailes poudreuses contre la vitre. 

Dérangé dans ses habitudes, le papillon nocturne est désemparé. 

Son monde à lui, ce sont les ténèbres.

 Ses congénères diurnes se pavanent dans les jardins, les ailes 

déployées, sous le soleil d'été, et  laissent admirer leurs couleurs 

éclatantes. 

Lui, à  la lumière triomphante du jour, il préfère les ténèbres de la nuit.

Images vues - 1975 


mercredi 4 novembre 2020

14 heures 17

 


Il était quatorze heures dix-sept à Paris.

À Paris presque vide (on était au mois d'août).

Et le monde s'agitait sous ses yeux.

                                  *

Des milliardaires jouaient leur fortune

dans les casinos de la Riviera.

Sur les plages du sud, des femmes et des hommes 

dévêtus et bronzés paressaient au soleil.

Là, des corps s'enlaçaient voluptueusement.

Ailleurs, des couples s'entre-déchiraient.

Il vit un homme noir frappé à coups de pied 

sur un trottoir de Chicago

et des mineurs mourir sous un éboulement

à Johannesbourg. 

Il entendit des hommes geindre dans leur prison.

Dans son HLM anonyme,

sa femme bien pensante 

lisait un roman de gare.

                         *

Il regarda sa montre.

Elle marquait quatorze heures dix- sept.

Et la Terre à toute vitesse 

poursuivait sa course.

4 novembre 2020


le puits